C’était mieux avant
Comme disait ma grand-mère, qui aurait eu 107 ans si elle n’était pas morte avant.
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C’était mieux de mon temps ? En 400 avant J.-C., le philosophe Socrate pensait déjà que la jeunesse était dépravée et ne respectait plus les anciens. Je suis sûr que l’homme de l’Âge du fer disait que c’était mieux à l’Âge du bronze. Le refrain ne date donc pas d’hier. Colossal, une firme américaine, va tenter de faire revivre un mammouth laineux sous prétexte que 99,6 % de son génome est identique à l’éléphant d’Asie. C’est énorme ! Pour te donner une idée, 99,6 %, c’est le pourcentage de Français qui ne voteront pas pour Lutte ouvrière aux prochaines élections, mais je m’égare. La firme prétend que la réintroduction du mammouth dans la toundra pourrait contribuer à restaurer l’écosystème. C’est surtout un gros coup de pub avec un gros business derrière. Il y a 50 000 ans, la Terre comptait plus de mammouths que d’humains. Si on le recrée, il faudra aussi lâcher des hommes de Cro-Magnon pour lui courir après, sinon il va s’ennuyer. Aujourd’hui, l’homme est l’espèce la plus invasive.
On veut faire revivre les espèces préhistoriques alors que l’on extermine une grande partie de la faune actuelle dans l’indifférence. Est-ce que les dinosaures herbivores rejetaient du méthane dans l’atmosphère, comme nos vaches ? Sans doute, mais puisqu’il n’y avait pas d’humains pour brûler du charbon et du pétrole, tout le monde s’en battait le blanc de l’œil avec une fourchette. Ces grosses bestioles pondaient, mais ne produisaient pas de lait, ce qui explique que les industriels et coopératives laitières n’existaient pas. Tiens, au fait : s’il n’y avait pas d’éleveurs laitiers, il n’y aurait pas d’usines de transformation. Alors que si nos grands groupes laitiers n’existaient pas, il y aurait quand même des éleveurs. Mais revenons à nos dinosaures.
C’est fou de penser qu’avec 99 % de gènes communs, on peut recréer un animal disparu alors qu’avec 100 % de gènes identiques, l’homme moderne se met sur la gueule en permanence. Le séquençage du génome montre que l’homme moderne a, par exemple, 99,7 % de gènes en commun avec les Néandertaliens, 98 % avec le chimpanzé, 80 % avec la vache, 43 % avec un ver, 40 % avec la banane, 18 % avec le champignon. C’est peut-être pour cela que ton voisin a le QI d’une huître creuse, mais ça n’explique pas tout. En attendant, moi, j’ai toujours la banane. Avec un génome identique, on obtient des hommes et des femmes, des Blancs, des Noirs, des Jaunes, des petits, des grands, des blonds, des bruns, des QI à 70 et à 170, des manuels et des intellectuels, des Hubert Reeves et des Éric Zemmour. Pourtant, personne n’est d’accord pour répondre aux problèmes liés à la pandémie, à la perte de biodiversité, à la pollution, au réchauffement climatique. Tiens, justement, face au réchauffement, les apprentis sorciers de Colossal devraient plutôt créer un mammouth sans poils parce que le laineux va sûrement piquer une suée. La nature n’a pas besoin des hommes pour créer des bizarreries. Au hasard, le cochon d’Inde, qui ne ressemble ni à un cochon ni à une dinde. Va comprendre…
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